Fatima Ou Madda: la victime d’un système terroriste sans limite aucune (par Ali Fkir)

http://youtu.be/Z4KijOtoiJc


En mars 1973, Fatima n’avait que douze ans. Elle allait connaître l’enfer d’un régime tyrannique. Son crime ? C’est d’être la fille de Mohamed Ou Madda, d’un grand nationaliste, d’un grand résistant qui avait mené le combat contre le colonialisme français. OuMadda, militant ittihadi, avait refusé le néocolonialisme, s’était opposé au régime tyrannique de Hassan II, militant qui avait refusé le système d’assujettissement. Fillette de 12 ans, Fatima (la fille unique) et sa mère, illettrées, ne parlaient que tamazighit, ne «faisaient pas de politique », n’avaient rien avoir avec le soulèvement armé de mars 1973. Le régime est impitoyable. Il fallait donner l’exemple. Il fallait raser des maisons, brûler des tentes, exécuter les opposants, punir les innocents (pour quel crime ?). Tout ça pour terroriser les masses populaires. Hassan II avait dit qu’il était prêt à tuer les 1/ 3 des marocains.
Son père en cavale, sa mère kidnappée, Fatima (DOUZE ANS : 12 ans), fut arrêtée. Elle connut la descente aux enfers. Torturée au sol (au commissariat, à la caserne militaire de Khénifra), elle fut torturée dans des hélicoptères, suspendue dans le ciel (tenue par ses cheveux), suspendue à un gros arbre…Elle passa des mois et des avec sa grand’mère. Trois ans et 5 mois sans la présence de sa mère. Personne, mais personne ne pouvait les approcher. Les gendarmes, les flics, les moukadmines, les chioukhs et autres indicateurs étaient là. Il fallait donner l’exemple ! L’inhumain n’a pas de limite ! en plus de toute cette « armada d’anges gardiens », la petite était obligée de se pointer quotidiennement aux locaux des services répressifs. Le calvaire quotidien ! sa grand’mère succomba à la colère, à l’humiliation, à la terreur makhzenienne…elle quitta le monde des vivants. Personne n’a osé s’approcher de la demeure de Fatima. Fatima restait seule avec le cadavre de sa grand’mère. Les représentants du makhzen étaient devant la porte. Ils contempler le spectacles. IL FALLAIT DONNER l’EXEMPLE ! Le corps de la défunte commença à se décomposer. Les gendarmes demandèrent à des voisins d’enterrer la «chienne».
La mère de Fatima passa 3ans et 5 mois entre les casernes militaires de Khénifra et de Midelt, en plus des derniers mois à la prison « civile » de Midelt. En mars 2005, la grande AMDH organisa avec un grand succès la séance d’écoute à Khénifra. La rencontre avec les victimes a été préparée par la section locale avec à sa tête, le camarade, l’incontournable grand militant Aziz Akkaoui. Aziz a traduit de Tamazight à l’arabe les témoignages de ceux et celles qui ne parlaient que la langue de leurs ancêtres. En mars 2005, la mère ne pouvait pas témoigner. Elle avait perdu la capacité de communiquer . C’était une morte-vivante. Sa vie, comme celle de Fatima, a été complètement bousillée par un régime tyrannique. Fatima, nous a quittés ces derniers temps
En cette occasion de 8 mars 2013, je me limite seulement à la diffusion des témoignages de Fatima Ou Madda (Khénifra ) et de la grande brave Oumi Rkia (de Casablanca), la mère du martyr Abdelhak Chbada, décédé dans les prisons du régime sanguinaire en 1989. Certains témoignages d’hommes ont « glissé » entre les deux principaux.
C’était insupportable, trop douloureux que d’écouter Fatima et Oumi Rkia parler. J’avais la gorge serrée, les larmes aux yeux. Comment peut-on se « tromper » de la nature sanguinaire d’un tel régime politique ?
Il m’arrive de passer voir la brave mère du martyr Abdelhak. Elle me rappelle des mères qui avaient bravé les forces du makhzen telles la mère de El Khotbi, la mère d’Amine , la mère d’Al Harch,la mère de Loubnani…et SURTOUT «LA MERE » du roman de Gorki.
Nous n’avons pas le droit de les oublier.
Ali Fkir (le 5 mars 2013)

– http://www.youtube.com/watch?v=Z4KijOtoiJc&feature=youtu.be
– http://www.youtube.com/watch?v=DWkETL36fiI&feature=youtu.be

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